Sans préjuger de ce qu'il adviendra prochainement de la fameuse loi "Don't ask, don't tell" dont le Président américain Barak Obama a promis la fin sous peu, voilà une affaire dont la communauté homosexuelle des Etats-Unis et l'ensemble des associations de défense des droits des personnes LGBT se seraient bien passés : un G.I. répondant au nom de Bradley Manning, et ouvertement gay, serait bel et bien à l'origine (d'une partie) des fuites, publiées par WikiLeaks, à propos de l'action contestable des armées US en Afghanistan et en Irak.

 Si avec ça les anti-gays de tout bord et les militaires traditionnellement conservateurs ne mènent pas campagne contre l'abolition du "Don't ask, don't tell", on pourra s'estimer heureux. Imaginez, en manque de reconnaissance, et par esprit de vengeance vis-à-vis de ceux qui l'ont brimé depuis son enfance, le spécialiste analyste du renseignement militaire, âgé de 22 ans, a communiqué au site communautaire WikiLeaks plusieurs milliers de pages de documents qui permettent de comprendre la stratégie US au Moyen-Orient et de dénoncer les agissements des troupes américaines à Kaboul et à Bagdad. De son Oklahoma natal à la case prison qu'il vient d'intégrer, en passant par l'Université de Cambridge, Massachussets, et le Koweit, le parcours de Bradley Manning est truffé d'échecs familiaux (rejeté par son père lorsque celui-ci a appris l'homosexualité de rejeton), échecs en amitiés aussi (mal accepté et non reconnu - selon lui - au sein de sa fraternité universitaire), etc. Il avait d'ailleurs confié à un ami : "Cela ne me dérangerait pas de passer le reste de ma vie en prison ou d'être exécuté si ce n'était la possibilité de voir ma photo publiée dans tous les journaux du monde".

 Y'a pas à demander, c'est fait. Et il y est pour beaucoup, lui, le jeune homme qui a réussi et sans doute dépassé ses objectifs : si d'un coté l'armée US et WikiLeaks sont tous deux actuellemen très malmenés par l'opinion américaine, d'un autre Bradley Manning fait la Une de la presse en tout genre, pour son plus grand bonheur !

 Malheureusement il n'est pas certain que son orientation sexuelle qu'il avait dû cacher jusqu'ici au sein de l'armée, et révèlée au grand jour depuis fin juillet, au coeur du scandale, serve la cause des abolitionnistes du "Don't ask, don't tell". Barak Obama risque d'avoir quelques difficultés à tenir sa promesse.

  On savait depuis quelques temps que le vent du changement (favorable au mariage homosexuel) avait atteint les grandes zoreilles du gouverneur de Californie. Arnold Schwarzenegger s'était montré très gay-frienldy ces derniers temps. Sans doute avait-il eu vent par avance de la décision à prendre par la Cour Fédérale de Californie qui mercredi dernier a finalement indiqué que l'interdiction des mariages gays (votée par référendum approuvant la fameuse Prop 8) était anticonstitutionnelle. Rappelons au passage que ce genre d'union avait d'abord été interdite (déjà par référendum) en 2000, que la Cour Suprême de Californie avait décidé en mai 2008 d'autoriser le mariage homosexuel, avant que la Proposition 8 ne soit adoptée six mois plus tard. Entre temps 18000 unions ont été célébrés, ce qui aujourd'hui pour le Gouverneur Schwarzenegger "n'entraîne aucun préjudice pour l'Etat (de Californie)".

 Depuis l'adoption de la Prop 8, pros et antis mariage gay s'opposaient à coup de déclarations médiatiques et de manifestations. D'un coté les associations de défense des droits des personnes LGBT et quelques célébrités du show-bizz, d'un autre les milieux religieux et conservateurs, défenseurs de la famille traditionnelle. Mercredi, le juge Vaughn Walker a ordonné l'abrogation pure et simple de la proposition 8 déclarant le mariage comme ne pouvant être que hétérosexuel.

 Arnold Schwarzenegger a annoncé ce vendredi qu'il est de l'intérêt public de célébrer à nouveau des mariages entre personnes de même sexe, ce en application de la décision de la Cour Fédérale, et dans la longue tradition californienne de dignité, de respect et d'égalité entre tous les citoyens et leurs conjoints... Il me semble tout de même qu'on avait connu le Gouverneur de Californie moins enthousiaste sur le sujet.

 Pour autant tout n'est pas fini puisque les pros Prop 8 vont porter l'affaire au niveau de la Cour Suprême des Etats-Unis qui devra statuer définitivement, et pour le pays en entier, sur le sort des unions homosexuelles. Pouvant par la même occasion malheureusement remettre en cause le mariage gay reconnu dans 5 autres Etats américains (Connecticut, New Hampshire, Iowa, Massachussets et Vermont) ainsi que dans la capitale fédérale, Washington...

  Le magazine italien Panorama publie aujourd'hui un dossier consacré aux prêtres homosexuels et, le moins qu'on puisse dire, c'est que le diocèse de Rome n'a pas tardé à réagir. Il faut dire que Panorama a mis les moyens pour illustrer son article. Outre les témoignages, les images (extraites d'une vidéo tournée en caméra cachée) montrent des ecclésiastiques défroqués, au sens premier du terme, en plein action (de grâce !)...

 En fait Carmelo Abbate, accompagné d'un complice gay, a écumé les soirées de la capitale italienne pendant une vingtaine de jours à la recherche de prêtres fréquentant les milieux homosexuels et le résultat est sans appel pour la curie romaine : il y a bien des hommes d'églises là où le diocèse de Rome et le Vatican refusent d'en voir. Le journaliste le rapporte, des prêtres (de différentes nationalités) y ont été vus, en couple ou avec des escort'boys rencardés par l'intermédiaire de chats gays, les rapports sexuels étant l'objectif final pour beaucoup, dans les backrooms romaines ou à domicile. Une cerise sur le gâteau qui vient couronner l'article de Carmelo Abbate.

 Trop occupé à régler le problème de ses prêtres pédophiles (pas toujours de la meilleure des façons, voir ici), le Vatican n'a pas souhaité réagir à la publication de Panorama, renvoyant les demandeurs vers le diocèse de Rome, lequel affirme qu'il combattra "tout comportement indigne de la vie sacerdotale". Ce à quoi renchérit l'Arcigay, la principale association LGBT de la péninsule : "Si tous les ecclesiastiques homosexuels devaient quitter la prêtrise, le diocèse et les paroisses se retrouveraient paralysés, incapable de fonctionner."

 Une question reste tout de même en suspend. Comment des hommes qui de jour ont la charge de diffuser la bonne parole homophobe de l'Eglise peuvent-ils la nuit venue se convertir en dragueurs avertis et avoir des pratiques qu'ils condamnent du haut de leurs chaires en journée ?

  Quel est le point commun entre les Pays-Bas, la Belgique, l'Espagne, la Norvège, la Suède, le Portugal, l'Afrique du Sud, l'Islande, le Canada et aujourd'hui l'Argentine ? Le football ? Oui, pourquoi pas, ces Etats apparaissent tous dans le classement FIFA 2010. Mais ce n'est pas le sujet du jour. Non, la réponse est simple. Elle est tellement évidente que la France longtemps première dans bien des domaines relevant des droits de l'homme, de la liberté, de l'égalité, de la fraternité se retrouve 21_^ème footballistiquement parlant et bientôt dernière dans la discrimination homosexuelle. C'est à peine éxagéré : comment ne pas être surpris que l'Argentine, pays du machisme par excellence (?), devance la France dans la course à la reconnaissance du mariage des personnes de même sexe ? Même certains Etats américains des USA ont légalisé l'union des homosexuel(le)s...

 Pour sûr, tout ne s'est pas passé aussi simplement qu'écrit ici, une majorité de 33 voix pour, contre 27 "non" et 3 abstentions, a toutefois fait de l'Argentine le 10_^ème pays au monde à autoriser le mariage et l'adoption pour les personnes LGBT, alors que chez nous le débat n'est plus d'actualité, le Président de la République, son gouvernement et le Parlement ayant décidé que d'autres sujets d'importance devaient être solutionnés prioritairement. Il est vrai que la rigueur, et accessoirement le sauvetage des banques et l'aide aux sociétés du CAC40, passe avant le bien-être des citoyens...

 Au fait, l'Argentine, ne serait-elle pas ce pays d'Amérique Latine qui était exsangue économiquement, au bord de la faillite, il y a quelques mois encore. Comment se fait-il alors qu'elle ait pu alors voter le mariage gay ?

  Une fois encore l'humour de LeFred Thouron, dans L'Equipe, prête à confusion.

 Le 25 juin dernier, le natif de Nancy publiait dans le quotidien sportif un dessin illustrant l'incroyable match de tennis ayant opposé Nicolas Mahut et John Isner à Wimbledon : 5 sets joués en 11 heures, sur 3 jours, sachant que le dernier set a vu le géant américain (2m06 !) battre le Français 70 jeux à 68...

 Ne voyez pas dans mon post une critique négative contre la dernière création de LeFred Thouron. J'ai de l'humour, moi aussi, même si je n'aurais pas eu l'idée (l'intelligence artistique ?) de résumer l'exploit de ces tennismen de cette façon. C'est bien vu et pour une fois on peut réellement en rire (du dessin).

 Je rappelerai juste qu'on a connu LeFred Thouron un peu moins inspiré, voir ici, s'agissant encore une fois d'une allusion non feinte à l'homosexualité. Mais ce n'est bien sûr que mon avis.

 [Source : L'Equipe, dessin LeFred Thouron]