J'aurais aimé écrire Un soutien sans condition. Je dirai que j'en suis proche. Rien n'est parfait. Si Le Refuge est aujourd'hui une association reconnue (et pas seulement d'utilité publique) c'est parce que depuis un an maintenant, et plus encore, elle reste la seule à offrir un hébergement d'urgence pour les jeunes LGBT. Ces derniers ayant eu à subir de plein fouet les conséquences de la campagne anti-mariage gay. C'était un fait qui existait déjà mais voilà qu'en 2013 l'association a dû répondre à un surcroît d'appel à l'aide avec un nombre conséquent d'adolescents et de jeunes adultes mis à la porte par leurs parents et cherchant un toit pour ne pas se retrouver à la rue. Une mission de service public.
Logiquement Le Refuge a trouvé sa place dans le combat contre l'homophobie. Au même titre que des dizaines d'autres associations spécialisées ou non dans la lutte contre les discriminations (homo)sexuelles entre autres. Mise en avant par son action elle a obtenu un soutien sans cesse plus grand. De simples anonymes comme de quelques célébrités. Chacun y trouvant son compte. Le Refuge a besoin d'argent et de visibilité. Les appels aux dons sont là avec les rentrées financières qui vont avec. Le soutien moral suit. Et c'est là que les conditions doivent être évoquées. Car peut-on tout accepter de tout le monde ? Voilà ce qui a motivé la rédaction de cet article.
J'ai appris la semaine passée qu'un homme politique aurait une entrevue avec l'équipe du Refuge le 11 février prochain. Vous me direz que cela est une bonne chose que les politiques veuillent s'informer sur le fonctionnement et le travail de telles associations. Et leur apporter un soutien ...médiatisé. Là où le bas blesse, c'est que la personnalité politique en question est Charles Beigbeder, dissident UMP, candidat à la Mairie de Paris, qui s'apprête à faire le grand écart. S'il souhaite aujourd'hui soutenir Le Refuge, il ne faut pas oublier que ces derniers mois il a soutenu les réactionnaires opposés au mariage et à l'adoption pour tous avant d'être de ceux qui ne veulent pas de la PMA et de la GPA, de la loi Famille. Sans parler de la diminution des aides publiques aux acteurs de la vie associative.
Cette rencontre entre le politicien et l'association me paraît bien prématurée. Je n'y vois qu'une envie de Ch. Beigbeder de se refaire une image plus proprette qui conviendrait mieux à une certaine frange potentielle de l'électorat parisien, quand bien même l'homme d'affaires passé à la politique annoncerait là un programme dans lequel Le Refuge pourrait trouver un terreau favorable à son avenir dans la Capitale. Pour moi Le Refuge fait une erreur. On ne transige pas avec un opposant qui d'ici-là n'aura pas fait son mea-culpa, reconnu publiquement ses erreurs...
C'est pour cela que je souhaite mettre mes conditions au soutien que j'apporte moi-même à l'association. Il sera renouvelé si elle-même met des conditions au soutien dont elle peut ou veut bénéficier. On ne peut pas tout accepter au nom d'une cause aussi belle...
NB. Comme je l'ai indiqué sur Twitter j'apporte un soutien moral et financier à l'association de Nicolas Noguier. Et quand je pense que son équipe dirigeante fait une erreur, je le dis.