Vous qui lisez ce livre, si vous l'avez acheté, peut-être portez-vous, comme moi, ce quelque chose qui fait de nous des hommes à part. J'ai ce... quel mot utiliser ?... ce "travers", car malgré ce qu'on entend ici et là, c'est ainsi que j'ai appris à considérer ce trait de caractère. Moi qui suis étudiant, qui travaille bien sans faire d'étincelles, je rêve de me fondre parmi les autres, être heureux avec eux, ne rien avoir à cacher. Mais voilà, je ne marche pas droit, je marche de "travers". Et mes efforts pour que ça ne se voie pas aux yeux des autres sont incessants.
J'ai longtemps hésité entre essayer de m'accepter tel que je suis ou de combattre cette part de soi que le regard des autres vous rend exécrable. Il n'est pas raisonnable de vivre dans le déni. Pourtant... par sensibilité sans doute, par faiblesse certainement, c'est ce que je fais, à m'en rendre malheureux.
A l'heure où ces lignes paraissent, je n'ai pas encore réussi à m'exprimer autrement que dans le récit. Et je crève toujours de ce fardeau. Mais lorsqu'il s'agit d'aller refaire le monde avec les copains et les copines, dans un bar, le soir, un verre de bière à la main, je suis heureux d'être avec eux, sans préjugés. Et c'est de cela dont j'ai besoin.
Avant-propos "Comment te le dire ?" Mikko Ranskalaïnen 04/2005