(Clin d'oeil à un débat ouvert sur un autre blog).
Pour ou contre... Grève, manifestation, syndicat, diktat de certaines classes catégorielles... Il y a toujours des mécontents quelque part : d'un coté ceux qui vont volontairement battre le pavé pour montrer leur désapprobation vis-à-vis des politiques gouvernementales et patronales, de l'autre ceux qui se retrouvent à marcher dans la rue par obligation faute de transport en commun. Sans oublier ceux qui râlent de ne pouvoir être dans la rue, consignés à leur domicile par la faute des 1ers (une journée de boulot de perdue ?) et moins courageux que les 2nds...
Peut-on pour autant reprocher aux uns de revendiquer le maintien de l'emploi, le maintien des acquis sociaux et le maintien du pouvoir d'achat ?
Privé, public, le débat n'est plus là aujourd'hui : tous les salariés sont sur le même bateau à ramer dans un sens pendant que le capitaine gouverne dans l'autre. La mondialisation est cause de suppression de milliers d'emplois dans le secteur privé et à coté l'Etat cherche à réduire le nombre de fonctionnaires. Qu'il est loin le plein emploi des "30 glorieuses" ! Le chômage reste à un niveau inacceptable. Les lois Aubry de 1998 et 2000 devaient permettre de résorber une partie du chômage, à la condition que les employeurs (avec l'aide financière de l'Etat) jouent le jeu et embauchent pour compenser la réduction du temps de travail accordée aux autres salariés. Il n'en a rien été (là dessus l'Etat n'a pas été un modèle !) et malheureusement pour les salariés la contrepartie voulue par le patronat (à savoir la "modération salariale") s'est appliquée de fait avec depuis 1999 une hausse des salaires inférieure à l'inflation et un passage à l'Euro qui a grevé plus encore notre porte-monnaie. Alors peut-on en vouloir à tous ceux (1 million ?) qui hier ont manifesté dans plus de 150 villes partout en France ? Aux autres qui ne veulent entendre et comprendre les craintes des grévistes je dis : comment réagirez-vous lorsque votre emploi sera menacé par la délocalisation de votre entreprise dans le but annoncé de maintenir la compétitivité (?) et inavoué de garantir les profits redistribués aux seuls actionnaires ? Avez-vous également remarqué que pour une même somme dépensée votre caddie avait diminué de volume ?
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Faites-vous aujourd'hui vos achats alimentaires chez Lidl après avoir fréquenté Carrefour ? Continuez-vous à hanter les rayons de Prisunic ou de la boutique Fauchon où on vous accueille avec un sourire bienveillant ? Dans le 1er cas vous faites partie de la caste des malchanceux qui galérent toute la sainte journée et qui peuvent manifester leur mécontentement, dans le 2ème cas vous faites partie de la caste des privilégiés qui peuvent perdre une journée de travail sans craindre pour leur emploi... et leur fin de mois.
Bien sûr il y a toujours ceux qui veulent le beurre et l'argent du beurre. Mais peut-on en vouloir à ceux qui acceptent difficilement la remise en cause des acquis sociaux ? Bien sûr, par exemple, le service minimum d'un coté, la retraite pour tous au même âge et dans les mêmes conditions de pensions d'un autre satisferaient le plus grand nombre. Mais pourquoi faire systématiquement depuis une décennie un nivellement par le bas lorqu'on veut mettre en place une réforme ?
Et qu'on ne vienne surtout pas dire que le gouvernement en place tient sa légitimité des urnes : les raffarinades n'existent que par les volontés conjointes du Patronat et d'un J. Chirac bien mal éléu... Oui en 2002 Chirac a écrasé Le Pen, 82 % contre 18... Mais dans le pourcentage pro-chiracquien l'UMP n'a représenté que 20%... Oui la Gauche s'est fait bêtement avoir au 1er tour (Jospin n'était certainement pas le meilleur candidat !), oui Chirac a gagné la Présidentielle, oui la Gauche a perdue les Législatives qui ont suivi (euphorie post-présidentielle oblige) mais depuis les Français ont compris que les plus à même de défendre leurs intérêts n'étaient pas ceux à qui ils avaient accordé une confiance toute relative en 2002 (et ce sans parler des Régionales de 2004 qui en ont fait la démonstration : 51% des voix pour les listes de Gauche, 37% pour la Droite).
La France demeure un pays démocratique et lorsque les Français sont mécontents de leurs dirigeants et de la politique menée ils le montrent au travers des urnes ou par la grève qui reste un droit constitutionnel, n'en déplaisent à certains ! Et pourquoi pas effectivement (pour satisfaire les grincheux) réfléchir à l'inscription dans cette même Constitution du droit à un service minimum dans tous les domaines professionnels relevant du service public... Cela permettrait de contenter ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas faire grève : ils ont droit au travail... et peuvent remercier les partenaires sociaux, les syndicats, les grévistes qui par leurs actions et négociations leur permettent de conserver (un temps ?) leur emploi et leurs avantages. AL1.