20 novembre 2007
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Dans les années 80, Alex Taylor était le présentateur vedette de « Continentales » sur FR3… Après son passage sur Arte, RFI et Pink TV, le présentateur vient de se confesser dans un livre choc où il parle à visage découvert de ses fantasmes sexuels… Interview sans tabou !
"Dès les premières lignes de votre livre, on est vite « mis au parfum » sur vos activités intimes. Pourquoi avez-vous eu envie de coucher sur papier vos fantasmes sexuels ?
Parce que j’avais une vraie histoire à raconter. Ce n’est pas seulement un récit sur mes relations sexuelles mais l’histoire d’un petit garçon qui a grandi comme des millions de jeunes garçons et filles dans un milieu qui ne peut pas les comprendre car ils se découvrent homosexuels. En ce qui me concerne, c’était assez spécial car j’ai vécu dans les Cornouailles dans les années 60, au bout de l’Angleterre où personne n’avait jamais entendu parler de l’homosexualité ou alors avec les stéréotypes les plus farfelus. Ce n’est pas comme aujourd’hui où l’on voit des gays dans la quasi-totalité des émissions de télévision. La première fois que j’ai entendu dans ma vie le mot « homosexual », personne ne comprenait dans mon entourage ce que cela voulait dire. J’ai donc mis sur papier l’histoire de ce petit garçon… (Rires). Sachez que je n’ai pas voulu écrire ce livre pour choquer !
Vous avouez que c’est la série « Chapeau Melon et Botte de Cuir » qui vous a donné l’envie de devenir un apprenti pervers ? Cela ne va pas plaire aux acteurs de la série (Rires)…
(Rires). En fait, quand j’étais jeune, j’ai compris à sept ans que je trouvais les hommes attirants. En même temps, j’ai compris que je ne pouvais pas en parler à qui que ce soit. C’était un truc qui ne passait pas, qui ne correspondait pas aux convenances. Donc, je cherchais…des repères. A l’époque, il n’y avait rien à la télé, pas un seul gay (rires). Je me suis donc identifié grâce à des personnages aussi ambigus que celui d’Emma Peel, qui s’habillait en cuir. C’était quelqu’un que je trouvais très dynamique, qui semblait incarner des choses féminines et en même temps masculines. Attention, je ne suis pas le seul à m’être identifié à cette série. De nombreux gays pensent comme moi, je peux vous le confirmer (rires). Je me suis donc accroché à ce personnage et j’ai joué le rôle dans ma jeunesse de Madame Peel… C’était donc un modèle désespéré avec une identité sexuelle…
Le fait de dévoiler vos secrets comme vous le faites n’est-ce pas une sorte d’exhibitionnisme?
Ce ne sont pas des secrets. J’ai été le premier gay de la télévision française à avoir déclaré que j’étais homosexuel. C’était en 1990 avant que cela soit la mode. Je ne divulgue aucun secret, il suffit d’être branché sur des sites internet pour les « cuirs » pour voir des photos de moi à visage découvert. Je n’ai jamais rien caché. Ce n’est pas parce que j’ai présenté une émission à la télévision française que je ne peux pas vivre ma vie comme je le veux !
On apprend aussi que vous avez vécu une grande histoire d’amour avec une personne qui était séropositive. Quelle leçon avez-vous tiré de cette relation ?
C’est quelqu’un que j’ai aimé, qui est mort il y a 13 ans du sida. Il m’a annoncé sa séropositivité en 1987. J’essaie au mieux de l’expliquer dans le livre. C’était parfait pour moi parce que – comme dans mon enfance - je dissociais un tout petit peu le côté amour et sentiment de celui, ludique, du sexe. Pendant mon enfance, j’avais des fantasmes qui n’avaient rien à avoir avec deux hommes ensemble. Donc j’avais toujours projeté mes désirs sexuels sur des actes cuirs et SM. Et puis, je me suis retrouvé devant quelqu’un que j’aimais vraiment. Ce n’était pas nécessairement très sexuel avec lui. Pour tout vous dire et je le ne dis pas dans le livre, on ne faisait pratiquement jamais l’amour. C’était une autre sorte d’amour. Malheureusement, il est mort dans mes bras, c’était un amour profond car j’ai passé tout de même 7 ans avec lui. J’avais 33 ans. Pour ce livre, je voulais enfin raconter cette histoire assez particulière. Je me suis rendu compte qu’en ne parlant que de mes scénarios bizarres « SM » et de mon enfance, les gens ne m’auraient pas cru. Il manquait aussi cette histoire qui me faisait vivre à la périphérie de mes fantasmes…
Pensez-vous à présent avoir fait le tour de tous vos fantasmes?
(Rires). L’imagination humaine, ça n’arrête pas. Je reçois de nombreuses demandes à ce sujet. Je pars d’ailleurs prochainement à New-York pour des plans encore plus fous (rires). Vous savez, sur le site « cuir », il y a 700 000 abonnés, je ne suis pas le seul taré dans le monde qui a ces fantasmes-là ! Ce que je peux aussi vous dire en revanche, c’est que quelque part – et là je dois aussi admettre que votre question est intéressante – le fait d’avoir écrit mes fantasmes et surtout de les avoir compris s’apparente à une psychothérapie dévoilée ouvertement au public, cela m’a libéré. Et maintenant que le livre est sorti, aussi étrangement que cela puisse paraître, je suis moins intéressé par des plans comme ceux décrits dans mon livre. Attention, je ne dis pas que je n’en veux plus car c’est toujours jouissif et j’aime prendre mon pied mais cela a changé.
Estimez-vous que ce livre est exclusivement destiné à la communauté gay ou imaginez-vous possible d’avoir un lectorat 50 % hétéro ?
Et bien je vais vous étonner (rires). J’ai écrit ce livre pour des hétéros et à la base, cela s’est produit à Berlin, où je vis de temps en temps. Ma meilleure copine invitait une amie et cette dernière lui a demandé pourquoi je n’étais pas présent. Ma copine lui a expliqué que j’étais occupé dans un scénario de cambriolage. La fille, tout étonnée, trouvait cela étrange que je puisse inviter des gens que je ne connaissais pas. Pour moi, c’était un scénario banal (rires). Mon amie m’a alors convaincu d’écrire un livre pour elle car la plupart des gens n’ont pas l’ombre d’une idée de ce qu’on peut faire avec des fantasmes. Beaucoup de gays l’ont déjà lu et sont plutôt touchés par le côté « ressemblance » avec leur propre « enfance » et des séquelles que cela peut laisser sur l’être humain de cacher son homosexualité. Mais les hétéros y trouveront aussi leur compte.
Passons en revue les moments forts de votre carrière à la télévision. Nous nous souvenons de “Continentales”, l’émission de FR3 au début des années 80 où vous présentiez des capsules de différents journaux européens. Gardez-vous un bon souvenir de cette émission?
Oui, je garde un bon souvenir de « Continentales », que j’ai présenté et produit pendant 5 ans. Cela était diffusé depuis les studios de Nancy et retransmis dans de nombreux pays. J’étais libre de faire ce que je voulais dans cette émission. C’est en tout cas mon plus beau souvenir dans ma carrière à la télévision.
Après FR3, Il y a eu l’aventure Arte, France Inter, Pink TV, RFI où vous avez même été directeur des programmes… La télé ne vous manque pas ?
Vous savez, la télé a beaucoup changé dans tous les pays. On me demande souvent d’animer des jeux ou de commenter des sujets sur la famille royale anglaise mais cela ne m’intéresse pas du tout ! Pour tout vous dire, cela ne me manque pas de faire de la télé.
Vous avez été même une des premières voix de “Fréquence Gaie” appelée à présent FG DJ Radio. Que pensez-vous du format actuel de la radio qui ne se destine plus exclusivement à la communauté gay ?
J’ai commencé sur « Fréquence Gaie » en 1981. J’ai assisté aux premières réunions et j’étais même amoureux du type qui a lancé la radio, Patrick Auger, que tout le monde a oublié. Cette personne a été la première à lancer un produit gay en radio en France. Je présentais les bulletins d’information et c’est là que j’ai fait mon école de journalisme. Il fallait tout faire ! J’y suis resté cinq ans. C’était une bonne école. L’époque Mitterrand a eu de très bons côtés pour les homosexuels car la radio était financée par l’état. Et savez-vous pourquoi cela s’appelle toujours F.G. ? C’est simple, j’ai survécu à toutes les mutations. Ils ont changé le nom en 1986 pour l’appeler « Future Génération » et puis « Filles & Garçons » parce qu’ils avaient investi dans du papier à en-tête FG et qu’il fallait à tout prix garder un truc qui puisse coller avec les lettres F.G. Maintenant que vous m’en parlez, je peux vous dire que les studios sont situés à 50 mètres de mon appartement. Dernièrement, ils m’ont invité dans une émission avec eux et c’était dément ! Ils ne m’ont posé aucune question sur le fait que j’étais un des premiers membres de la radio. J’étais surtout là pour parler de la famille royale anglaise… « Fréquence Gaie » a été une expérience extraordinaire pour moi. Il a fallu attendre 23 ans pour avoir la même chose en Angleterre. Là-bas, il y a maintenant la « Gaydar Radio ».
Comment voyez-vous votre avenir professionnel après la sortie de ce livre ?
De toute manière, je ne fais plus de télé en France, ce n’est un secret pour personne. L’Europe, ça ne marche plus à la télévision française. J’ai voulu, avec ce livre, « tuer » Alex Taylor, car j’ai besoin d’exorciser ce truc et d’aller faire autre chose comme je l’explique dans le livre. Je vis maintenant à Berlin et là, personne ne me connaît. Je peux vivre ma vie comme je le veux !"